Les deux pièges classiques face à l'incertitude
Face à l'incertitude, deux pièges nous guettent : le syndrome de l'autruche et le lapin figé dans les phares.
Dans les deux cas, le résultat est le même : l'immobilisme. Mais les racines sont différentes.
Le réflexe de l'autruche : le déni actif
On parle de syndrome de l'autruche lorsqu'un dirigeant pressent que son organisation est vulnérable, que "quelque chose ne va pas"… mais continue à agir comme si de rien n'était.
C'est une forme de déni actif :
-L'intuition signale le danger,
- les signaux faibles s'accumulent,
- pourtant, rien ne change dans les décisions stratégiques.
Ce n'est pas une question de courage ou de compétence : c'est un réflexe humain. À court terme, il protège de l'angoisse. Mais à long terme, il piège.
👉 Ce mécanisme est bien documenté :
- En psychologie, il renvoie au déni et à la dissonance cognitive : éviter une vérité dérangeante pour préserver un sentiment de cohérence.
- En finance comportementale, on parle d'"ostrich effect" : éviter de consulter ses pertes pour réduire son anxiété.
- En gestion des risques, c'est parfois nommé "risk blindness" : l'aveuglement face à des menaces structurelles.
🐇 Le réflexe du lapin : la sidération
Le "lapin dans les phares", c'est une autre forme d'immobilisme : la sidération. Ici, le danger est clairement perçu, mais l'organisme réagit par le freeze, une réponse biologique au stress aigu.
Il ne s'agit plus d'un choix, mais d'un réflexe neurophysiologique : paralysie, incapacité à décider, attente que "ça passe".
⚠️ Le danger de l'immobilisme
Que ce soit par déni (autruche) ou par sidération (lapin), le résultat est identique :
Les dirigeants restent immobiles face au danger… jusqu'à ce que la réalité les rattrape, souvent au pire moment, lorsque toutes les marges de manœuvre ont disparu.
🌱 Mouvement et sortie de l'immobilisme
La résilience demande exactement l'inverse : oser le premier mouvement.
La psychologie comportementale le montre : initier une action, même minime, suffit souvent à relancer la dynamique. Les thérapies d'activation comportementale, comme les recherches sur la résilience organisationnelle, confirment que le premier pas, même imparfait, est décisif pour sortir de la paralysie.
Les neurosciences vont dans le même sens : ce passage à l'action "débloque" le système nerveux et permet de repasser du mode survie à un mode adaptatif. Et les sagesses ancestrales le rappellent depuis toujours : "Un voyage de mille lieues commence par un premier pas" (Lao Tseu).
Le mouvement est une propriété du vivant.